La table de Clotilde du 10 août 2012

Au centre de Paris, la rue des Lombards relie le quartier du Marais à celui des Halles. En 1332, cette rue prit son nom par la présence de nouveaux habitants, des Italiens banquiers qui pratiquaient l’usure. Les Templiers s’y réunissaient secrètement et Ravaillac s’y réfugia, son forfait commis. Aujourd’hui, la rue des Lombards est une des rues les plus animées de la capitale, avec ses clubs de jazz, ses bars gays, ses boutiques de mode et de design, ses restaurants, dont « le Chant des Voyelles », où Clotilde nous avait donné rendez-vous en ce mois d’août languissant et chaud, en cette soirée orageuse et lourde.
Geraldine Antony

Clotilde, haut noir sur jupe de soie bordeaux, se fit comme à son habitude, notre hôtesse, mais hélas nous ne fûmes que cinq à honorer sa table mensuelle. Les belles parisiennes, aoûtiennes, doraient sur les plages, peut-être. Portant haut noir sur jupe à bandes blanches et noires, la blonde Audrey était une nouvelle venue, nous venant des Flandres. Géraldine d’Antony se faisait discrète dans une robe imprimée à fleurs. Christina avait choisi une robe elle-aussi à fleurs, aux tons vert, ocre et mauve (les tons « préférés » de notre amie).Quant à Lydie, elle était de toute beauté avec une superbe robe (« achetée à Mende ! ») rouge et verte, assortie d’un collier à boules vertes et un foulard noir.
Audrey

Larme à l’œil, nous évoquâmes, tour à tour, nos premières sorties en solitaire dans la jungle des villes où tant de prédateurs rustres guettent les biches fragiles et effarouchées que nous étions alors.
Puis notre conversation se fit cinéphile. Clotilde nous parla de ses récentes séances, le film d’Almodovar « Dans la peau que j’habite » (où la transsexualité du personnage principal est imposée) et le film « Laurence Anyways » de Xavier Dolan (où la transsexualité du personnage principal joué talentueusement par Melvil Poupaud est choisie, si c’est un choix aussi mais c’est plus compliqué que cela).
Nous narrant l’histoire, Clotilde était toute émue, je remarquai sa gorge nouée et ses yeux humides. C’est que ce film interroge la réception du changement par l’entourage familial et social. Et se basant sur le film, Clotilde se demandait si elle-aussi, comme le héros ou plutôt l’héroïne du film, n’avait pas involontairement causé tant de souffrances à ses proches et d’abord à son épouse.

Mais dans ce restaurant, la musique dite d’ambiance était bien trop forte, couvrant presque nos échanges. Ce n’était plus une musique, mais une nuisance. Cette pollution sonore est un critère de sélection et notre sélection est déjà faite.
Rendez-vous est pris pour le vendredi 14 septembre à « L’Absinthe ».
Krissie

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