La table de Clotilde du 10 février 2012
Notre restaurant « L’Absinthe » ce soir-là n’était pas un lieu où se sustenter mais d’abord un lieu où se réchauffer. Une vague de froid inhabituelle frappait l’Europe entière, nous éprouvant, nous fatiguant.
Deux rangées de table, celles sur banquettes et aussi, entre elles, deux autres tables centrales nous avaient été réservées.
Curieusement, nos amies s’installèrent uniquement sur les rangées à banquettes, laissant un espace vide dans la salle avec ces tables désertes au centre. Ce qui paradoxalement ne facilita pas nos échanges mais permit au serveur de mieux circuler et de mieux travailler.
En longue jupe noire et gilet noir, Clotilde accueillait les convives et s’attarda, hôtesse et politesse obligées, à longuement recevoir les nouvelles amies, qui furent nombreuses.
Bienvenue donc fut souhaitée à Karina et Cécile, bienvenue fut souhaitée à Édith et Bernard qui accompagnaient Christina ce soir esseulée, privée de la présence coutumière de son épouse Claire. Férue de musique ancienne (cette dernière finit avec Mozart qui commence la musique classique), Erika, avec laquelle j’avais participé au tournage d’un court métrage il y a deux ans nous revenait, nous présenta sa petite amie Emiko, jeune et charmante japonaise, toutes deux communiquant en anglais. Ester me parla d’informatique et de mise en page du site ABC puis recevait à sa table Sylvie. Je saluai Anne. En blonde platinée, Jacqueline Joly animait l’attablée avec sa gouaille de titi parisienne : une étole noire accessoirisait sa robe rouge, suffisamment courte pour montrer de coquins bas fumés à motifs entrelacés sur résille noire.
Tandis qu’Adriana me rassurait sur sa jupe légère à volants composée de trois épaisseurs aériennes, Estelle -son amie- et moi, nous nous découvrîmes toutes deux originaires de Franche-Comté : nous évoquâmes inévitablement, vues les actuelles conditions météorologiques, le village de Mouthe, la petite Sibérie française dotée d’un microclimat : en 1985 y fut enregistré le record national de froid avec – 41°. Cette évocation soudain nous réchauffa.
Magaly cultive avec recherche et goût le port du gris. Ce soir, elle arborait chemise brodée sur jupe écossaise, et aussi un collier de plusieurs chaînettes argentées et suggestives pour qui a l’imaginaire érotomane. Après plus d’une année d’absence à nos diners, Corinne nous retrouvait et, sociologisant, s’entretenait sérieusement avec Heline, laquelle lui confiait ses réflexions profondes et émouvantes sur le désir de maternité.
Une jeune femme inconnue de nous toutes s’annonça à Clotilde, qui nous fit la présentation. Il s’agissait de Julie, bruxelloise et photographe, qui nous exposa son projet de collection privée avec la thématique de portraits de travesties, transgenres, transsexuelles et Aurélie d’Antony parla savamment avec elle de photographie et de peinture.
Enrhumée ou peut-être grippée, Lydie, pourtant chaudement vêtue avec longue robe noire de laine et gilet de laine blanc nous quitta au moment où Virginie Perle et Carole, frigorifiées, entraient dans la salle quand la plupart d’entre nous terminait les plats.
Nous passâmes commande de nos desserts et le tiramisu fut majoritaire, lequel se révélera onctueux à souhait.
Très maquillée avec paupières étoilées, Géraldine de Paris nous arriva vers 22 h 30, c’est-à-dire avec un quart d’heure d’avance sur son légendaire retard. Elle portait une robe blanche à rosaces noires et long foulard assorti que d’autres mains nocturnes, qui sait, déshabilleraient plus tard.
Nous fûmes, mine de rien, 23 personnes à honorer la table de Clotilde, 23 personnes à avoir affronté le froid glacial pour venir. Et partir.
Rendez-vous est pris pour le vendredi 9 mars 2012.
Krissie