La table de Clotilde du 13 avril 2012

Jacqueline & Clotilde
Le temps était aux catastrophes : les giboulées de mars tombaient en avril, le pollen affectait nos gorges et notre restaurant habituel, « l’Absinthe » nous était fermé, ayant, il y a quelques jours, subi un incendie.
Clotilde, dans l’urgence, démarcha un nouvel établissement. Ce fut la brasserie « les Arts et Métiers », sur la place et la station de métro éponymes.
Je traversai la terrasse extérieure, puis la terrasse intérieure. J’entrai dans la salle, vaste, décorée de tentures rouges, avec pour mobilier, tables basses et poufs confortables. Contre les murs, des écrans de télévision diffusaient sans discontinuité des programmes inintéressants et que personne, d’ailleurs ne regardait. J’y lus un mauvais présage sur la soirée à venir.
Hôtesse parfaite, Clotilde, en tenue noire parfaite, acceuillait les convives avec son sourire engageant autant que charmant. Belle coiffure noire geai avec mèches courbes encadrant son joli minois, Virginie Perle dialoguait avec Erika, accompagnée de Emiko, son amie, et une connaissance commune, Mala. Adriana, en jupe légère à volants et bottes assorties avec de mêmes volants, était venue avec Frédérique, un ami d’enfance. Magaly, toute en rouge suggestif, conversait avec Diane, copine normande portant gilet bordeaux ceinturée de scintillant et jupe de jean. Ancienne libraire et toujours collectionneuse de livres rares avec enluminures, Sylvie avait osé une longue robe noire ajourée et j’eus avec cette aimable personne un échange passionnant. Un échange entre bibliophiles.
Patrick se renseignait sur les premiers pas à entreprendre pour la métamorphose que vous devinez. Il lui fut répondu qu’avant tout, il faut dans la tête « avoir le déclic ». Le mental, ma chère, tout est dans le mental… Lydie, en robe noire, avait ôté son superbe manteau à motifs noirs, blancs et gris, entrelacés joliment. Marie-Pierre, portant vêtements d’homme, se faisait donc prénommer Pierre-Marie et nous sommes bien les seules à savourer ces jeux transgenres dans leurs vertiges fascinants. Jacqueline Joly, plus blonde que la blonde Maryline, minaudait, tanguait, posait en robe moulante noire avec ceinture de métal argenté.
Apéritifs, entrées, plats ou desserts, nous constatâmes que plus notre diner s’acheminait vers sa fin, plus la musique se faisait plus forte. A plusieurs reprises, Jacqueline Joly demanda courtoisement à la jeune serveuse de baisser le son, laquelle expliqua que c’était impossible. Au café digestif, l’ambiance sonore se fit éprouvante, pénible, insupportable. Pour les restaurateurs plus attachés à leur caisse qu’au bon accueil des clients dans leur établissement, cela s’appelle « faire tourner les tables ». C’était bien une autre catastrophe. Quant à moi, je ne reviendrai pas une seconde fois en ces lieux : d’abord pour protéger mon ouïe, ensuite ne plus être prise pour une vache à euros.
Clotilde nous dénichera bien un restaurant qui conjugue bonne table et bon environnement. De telles enseignes ne manquent pas sur Paris et si vous en connaissez une, vous nous le signalerez, vite. Vous veillerez début mai le courriel d’invitation de Clotilde et consulterez le site. Au besoin, vous contacterez notre amie organisatrice les jours précédents notre prochain repas mensuel.
Rendez-vous est pris pour le vendredi 11 mai 2012.

Krissie

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