On ne se méfiera jamais assez des friteuses dépressives. Un soir, elles craquent, explosent, projettent des flammes de 3 m de hauteur, incendient votre cuisine, brulent votre plafond. Les pompiers arrivent à votre secours à bord de cinq véhicules. Puis, le feu éteint, vous devez nettoyer et désinfecter vos locaux, repeindre vos murs, lessiver votre plancher. Certes, vous disposez à présent d’une cuisine toute neuve aussi. Mais, incorrigible, obstiné ou amnésique, vous achetez une nouvelle friteuse. Vous ne vous êtes donc pas assez méfié de cet engin… C’est ce qui s’est passé dans notre restaurant habituel, « l’Absinthe » , fermé pour incendie durant deux mois et qui, après rénovation, nous accueillait ce vendredi 8 juin pour notre diner mensuel.
En longue robe noire avec ceinture noire à boucle de métal, Clotilde, parfaite dans son rôle d’hôtesse comme à son habitude, souhaitait la bienvenue à Sylvie et Lola, en cette soirée qui leur était initiatique. Je complimentai Marie pour sa belle robe blanche et nous évoquâmes la légende moderne de la dame blanche, mystérieuse, insaisissable qui hante nuit, route et voiture puis disparaît. Venue avec son amie Audrey, Adriana nous conta son récent séjour en Écosse. La question fut posée : que portent donc nos égales locales ? Kilt ou jupe écossaise ? Il est des choix décidemment difficiles. Nous dérivâmes sur le sexe des anges. Et à quel choix plus terrible encore doit se soumettre un ange transsexuel ? Les textes sacrés ne disent rien sur ce sujet.
Notre élégante garçonne Christina portait un splendide ensemble 3-pièces couleur vert d’eau mentholé. Géraldine d’Antony nous confia des soucis de voisinage et, tristounette, l’absence de projet de vacances d’été. Aurélie d’Angers exprimait sa foi en l’espéranto. Marie-Christine, après plusieurs mois d’absence, nous expliquait son agenda super-booké, que dis-je, hyperbooké ; cependant elle prit le temps de charbonner ses paupières et peindre ses lèvres d’un luisant écarlate. Erica, venue en jean et haut rouge à décolleté audacieux, nous parla musiques, ancienne et baroque. Lydie avec une sobre robe noire avait coiffé sa longue chevelure en queue de cheval et devisa à propos d’un futur voyage aux Caraïbes. En cheveux coupés ultra-courts, jean moulant et bottée noire, Christina et Claire, en haut blanc sur jupe légère et froufroutante, nous présentèrent un couple ami, qui, nous croyons le savoir, apprécia la compagnie de notre féminité fabriquée, calculée, pensée et pourtant venue du meilleur de nous-mêmes, secret, sincère. Nos cafés bus, il se faisait tard et nous ne nous attardâmes pas.
Les frites et l’huile qui les baigne sont très caloriques, à proscrire rigoureusement si l’on tient à garder sa ligne. Une bonne diététique évite les frites. On évite ainsi les friteuses dépressives.
Vous surveillerez le courriel d’invitation de Clotilde pour le prochain diner et consulterez ce site. Rendez-vous est pris pour le vendredi 6 juillet 2012.